Au fond du hall et juste avant l'entrée du bar s'étendait un espace sans vocation précise, qu'on avait dû nommer fumoir en d'autres temps. Là se trouvaient exposer une douzaine de tableaux, dus à des peintres différents et qui figuraient tous le Parc Palace du Lac, dans l'ensemble ou dans le détail : la façade mais aussi le jardin d'hiver, un coin de terrasse, un pan de mur. Entre tous Chopin reconnut rapidement, par sa manière scrupuleuse, une œuvre inédite de Mouezy-Éon ; le cadre était tout neuf, la peinture à peine sèche, elle était là depuis peu. Une fenêtre ombragée, dans le dos du bâtiment, avait tout spécialement mobilisé l'inspiration de l'artiste. Chopin la fixa dans sa mémoire avant de rejoindre la salle du bar.

Jean Echenoz, Lac, Paris, Mdouble Les Éditions de Minuit, 1989/2008, p. 101-102.